Les enjeux du risque routier dans le monde professionnel
Le risque routier est l’une des principales causes de mortalité et de blessures accidentelles en France. Les conséquences humaines, familiales, économiques et sociales des accidents sont considérables, impactant les victimes directes, leur entourage et la société dans son ensemble.
Il mobilise les services de l’état, les organismes sociaux, les entreprises et le monde associatif vers l’objectif du « zéro accident ». Les coûts directs et indirects liés aux accidents (soins médicaux, perte commerciale, perte de production, réparations, indemnisations) pèsent lourd sur les finances publiques et privées.
Zoom sur les chiffres-clés du risque routier professionnel en 2022 :
- près de 10 millions de véhicules professionnels ‘’permis B’’, dont 6,5 millions d’utilitaires légers
- près de 30 millions de travailleurs concernés
- 30 % des accidents mortels liés au travail, avec près de 500 décès, à 85 % des hommes
- 6 millions d’arrêt de travail
Les grands axes de la prévention
La prévention du risque routier s’articule autour de cinq grands axes :
- La sensibilisation
- La réglementation et les obligations sociales
- L’amélioration des infrastructures
- Le développement des véhicules sûrs
- La gestion du facteur humain et organisationnel
1. Sensibilisation
Au plan national, l’état, via la Sécurité Routière, porte des campagnes d’information sur les principales causes d’accidents : vitesse excessive ou inadaptée, consommation d’alcool ou de drogues, usage du téléphone au volant, défaut de port de la ceinture de sécurité, fatigue, inattention, non-respect des priorités, etc.
Dans le monde professionnel, les Journées nationales de la Sécurité Routière, en mai, ou bien la Semaine européenne de la mobilité, en septembre, sont des occasions de mobiliser les équipes autour de ce thème fédérateur. De nombreuses actions sont également portées en région ou en local par les organisations d’employeurs et les collectivités.
2. Réglementation et obligation sociales
La France dispose d’un Code de la route rigoureux, régulièrement mis à jour pour s’adapter à l’évolution des comportements et des technologies. Ce code fixe les règles relatives à la circulation, aux priorités, aux limitations de vitesse, à l’alcoolémie, à l’usage du téléphone, au port du casque ou de la ceinture, etc.
Outre ce cadre général et incontournable, les employeurs sont pour leur part tenus à des obligations de prévention des risques professionnels auxquels sont exposés les salariés ; ces risques doivent être identifiés, mesurés et maîtrisés au travers du Document Unique d’Evaluation des Risques Professionnels (DUERP).
Dans le monde du travail, la prévention du risque routier professionnel est un enjeu fort, car les accidents de trajet (75% des accidents mortels au travail) et de mission représentent la première cause d’accident mortel au travail. Le DUERP permet d’évaluer ce risque, et en réponse, de former les équipes à la sécurité routière et de mettre en place des plans d’actions adaptés (charte de mobilité, limitation des déplacements, gestion du parc automobile).
3. Amélioration des infrastructures
L’État, les collectivités territoriales et divers gestionnaires d’infrastructures œuvrent à l’entretien et à l’amélioration du réseau routier. Cela inclut la conception de carrefours plus sûrs, la pose de dispositifs de retenue (glissières, barrières), l’aménagement de pistes cyclables, la signalisation renforcée, l’éclairage, le revêtement, la protection des usagers vulnérables et l’adaptation des routes aux nouvelles mobilités (vélos et trottinettes électriques, et autres EDPM, nouvel acronyme pour désigner les Engins de Déplacement Personnel Motorisés).
4. Développement des véhicules sûrs
Les constructeurs automobiles et les pouvoirs publics travaillent à l’amélioration constante de la sécurité active (systèmes d’assistance à la conduite, ABS, ESP, freinage d’urgence automatique) et passive (ceintures, airbags, protections latérales) des véhicules. Les véhicules doivent répondre à des normes strictes, régulièrement révisées au niveau français et européen. Ceci aussi bien pour les véhicules de tourisme que pour les utilitaires : fourgons, camion-benne et minibus qui composent les flottes automobiles professionnelles.
Entrée en vigueur en juillet 2024 pour tous les véhicules neufs vendus en Europe : le GSR 2 (General Safety Regulation) impose de fortes évolutions en terme d’aides à la conduite et de conception du véhicule.
En France, les contrôles techniques périodiques visent à garantir que les véhicules en circulation restent sûrs et conformes. Dans un avenir plus lointain, l’émergence des véhicules autonomes et connectés représentera sans doute un nouveau levier pour la prévention des accidents.
5. Gestion du facteur humain et organisationnel
Le comportement de chaque personne usagère de la route reste central dans la survenue des accidents. La prévention passe par une meilleure prise de conscience des risques, une auto-évaluation honnête de ses propres capacités (fatigue, stress, usage de substances), le respect des autres usagers et l’adoption d’habitudes vertueuses (pause régulière, covoiturage, modes doux).
Partager la route est un état d’esprit qui est entretenu et développé au travers d’actions de sensibilisation et de formation, par notamment l’intervention de professionnels qualifiés : les enseignants de la conduite et de la sécurité routière, et les formateurs et préventeurs du risque routier en entreprise.
Les qualifications requises ont été renforcées et diversifiées, aussi bien avec le titre professionnel d’enseignant qu’avec le diplôme universitaire Sécurité Routière ou bien le brevet professionnel Perfectionnement de la Conduite (BP JEPS).
Autant de ressources sur lesquelles peuvent s’appuyer les responsables Qualité Sécurité Environnement en lien avec les managers d’équipe, qui sont en première ligne : ils peuvent au quotidien optimiser les déplacements et passer les bons messages de prévention.
Les principaux acteurs de la prévention
La lutte contre le risque routier mobilise de nombreux acteurs :
- La Sécurité routière : service de l’État chargé de la stratégie nationale, de la coordination et de l’évaluation des politiques publiques.
- Les forces de l’ordre : police et gendarmerie, responsables du contrôle et de la répression.
- Les collectivités territoriales : départements, régions, communes, qui interviennent dans l’aménagement et la gestion du réseau routier.
- Les entreprises : notamment dans le cadre de la prévention des risques professionnels.
- Le monde de la recherche : instituts et laboratoires spécialisés en accidentologie, psychologie, ingénierie, sociologie.
Les résultats et les défis actuels
Depuis les années 1970, la France connaît une baisse spectaculaire du nombre de personnes tuées sur la route : on est passé de plus de 16 000 morts par an à moins de 3 500 aujourd’hui, grâce à la combinaison des mesures évoquées plus haut.
Cependant, de nouveaux défis apparaissent : l’essor des mobilités douces, la cohabitation entre différents types de véhicules, notamment les 2 roues, l’augmentation de la distraction au volant (smartphones), les inégalités territoriales, l’évolution démographique (vieillissement de la population), ou encore l’impact environnemental des transports. La prévention doit sans cesse s’adapter pour rester efficace et intégrer les innovations technologiques, sans relâcher la vigilance sur les fondamentaux.