Les enjeux de la mobilité durable en milieu professionnel
La mobilité durable, c’est l’ensemble des solutions de transport qui limitent les émissions de gaz à effet de serre, réduisent la pollution atmosphérique et sonore, favorisent l’efficacité énergétique et garantissent l’accessibilité pour toutes et tous. Elle s’appuie sur la complémentarité des modes de transport – transports en commun, modes actifs (marche, vélo), mobilités partagées, électrification, etc. – avec une vision d’optimisation des flux et de sobriété énergétique.
Les enjeux sont importants :
Environnementaux : réduire les émissions du secteur des transports, de loin le premier émetteur de CO2 en France, avec 32% des émissions (2023), la voiture y pesant pour 53 % et les véhicules utilitaires pour 15 %. La responsabilité sociétale des organisations est clairement engagée sur ce point
Économiques : soutenir l’innovation, la compétitivité et l’emploi dans les filières de la mobilité propre, en développant des éco-systémes locaux, à l’échelle d’une zone d’activité, par exemple. Réduire les coûts directs est l’autre enjeu économique : carburant, électricité, entretien des véhicules, notamment
Sociaux : garantir l’accès aux services (maintenir ou développer son business model) et aux emplois (attirer et fidéliser les salariés), par des actions incitatives menées au niveau de l’entreprise
Sanitaires : améliorer la qualité de l’air et limiter l’exposition aux polluants pour la population.
État actuel des transports en France
Le transport routier représente encore plus de 80 % des déplacements quotidiens. Le parc automobile français évolue lentement vers l’électrification, mais les véhicules thermiques restent majoritaires : côté professionnel, 89 % des véhicules ‘’permis B’’ sont thermiques, 11 % électriques (2024) avec une part prépondérante des véhicules utilitaires (VUL).
L’État encourage la transition via des incitatifs financiers et fiscaux soumis à variations politiques : achat de véhicules électriques, zones à faibles émissions (ZFE) et via des dispositions légales (lois LOM 2019 et Climat et Résilience 2021, obligations de verdissement des flottes pour les commandes publiques et celles de entreprises privées) et des normes de plus en plus strictes.
Les transports en commun urbains sont en plein essor, avec l’ouverture de nouvelles lignes de tramway, la modernisation des flottes de bus vers des énergies propres (électrique, GNV, biogaz), et l’expérimentation de bus à hydrogène. Les grandes villes, comme Paris, Lyon, Nantes ou Strasbourg, investissent massivement pour rendre la mobilité plus propre et attractive.
Le réseau ferroviaire est l’un des plus développés au monde : TGV, trains intercités, TER et RER connectent villes et régions.
L’essor des mobilités actives et partagées
Depuis une quinzaine d’années, la marche et le vélo connaissent un regain d’intérêt, particulièrement en milieu urbain. Les réseaux de pistes cyclables s’étendent rapidement : Paris, par exemple, a vu sa voirie transformée par le plan Vélo. Le déploiement de vélos en libre-service (Vélib’, Vélov’, etc.) a facilité l’accès à ce mode de transport. Les dispositifs d’aide à l’achat de vélos électriques (notamment les réductions fiscales pour les entreprises mettant à disposition des vélos) et les politiques cyclables portées par les collectivités encouragent la pratique. En milieu pro, le forfait Mobilité Durable (FMD) vise un effet levier pour l’usage du 2 roues sur le trajet domicile-travail.
La mobilité partagée (autopartage, covoiturage, scooters et trottinettes électriques en libre-service) gagne du terrain. Ces solutions s’intègrent à une logique d’intermodalité, permettant de combiner plusieurs modes sur un même trajet. Le covoiturage domicile-travail est encouragé pour désengorger les axes routiers et réduire l’empreinte carbone. Des opérateurs leaders tels que BlaBlaCar proposent des applications ‘’sur-mesure’’ adaptées aux besoins de covoiturage d’une collectivité ou d’une entreprise.
Politiques publiques et législation
La France a adopté plusieurs lois structurantes pour accompagner cette transition. La Loi d’orientation des mobilités (LOM) de 2019 constitue le socle de la stratégie nationale. Elle vise à :
- Favoriser les alternatives à la voiture individuelle.
- Renforcer la gouvernance locale de la mobilité.
- Soutenir l’innovation et la digitalisation des services (MaaS, applications multimodales).
- Inciter les entreprises à ‘’verdir’’ leur flotte automobile et à favoriser les mobilités alternatives
Le Plan climat et la Stratégie nationale bas-carbone fixent des objectifs ambitieux : neutralité carbone à l’horizon 2050, fin de la vente des véhicules thermiques neufs à partir de 2035, développement massif des infrastructures de recharge pour véhicules électriques, etc.
Autant de dispositions incitatives (opportunités) ou contraignantes qui peuvent conduire les organisations à engager des actions pro-actives s’inscrivant dans leur démarche RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises)
Innovations et perspectives d’avenir
Les nouvelles pratiques liées à la mobilité durable s’appuient sur des technologies innovantes :
- Électrification accrue : forte croissance attendue du marché du véhicule électrique, des bus propres et des utilitaires légers.
- Hydrogène : expérimentations prometteuses pour les trains, bus et véhicules lourds.
- Mobilité connectée : développement des applications de MaaS (Mobility as a Service) pour faciliter les parcours multimodaux.
- Mobilité autonome : expérimentations de navettes sans conducteur dans certaines villes et zones d’activité.
- Infrastructures intelligentes : feux connectés, analyse des flux, optimisation du trafic, etc.
L’importance de la formation et de la sensibilisation
L’efficience d’une démarche de mobilité durable en entreprise repose sur un plan d’action incluant :
- des campagnes de sensibilisation à la mobilité durable
- des formations à l’éco-conduite et à l’utilisation des installations de recharge
- la valorisation des déplacements actifs (marche, 2 roues)
- la formation à l’intermodalité (comment prévoir et optimiser un déplacement multi-modes)
La préparation de ces plans d’action s’inscrit généralement dans le déploiement de la politique RSE de l’organisation, avec une forte implication des équipes sur ce thème où l’approche bottom-up est possible, en s’appuyant sur l’intelligence collective. La mobilité durable est porteuse de sens, notamment pour la génération des 20-30 ans, qui priorise majoritairement les mobilités douces ou collectives lorsqu’elle le peut.